dimanche 5 juin 2016

Lutter contre les inondations

Après l'essence, je me lance dans un second article "de circonstance" au vu de l'actualité : la lutte contre les inondations. Prévenir, minimiser le risque, lutter contre les eaux.


Prévenir

Mieux valant prévenir que guérir, on peut se renseigner soigneusement sur le risque d'inondation au moment d'acheter une nouvelle propriété. Aujourd'hui, l'information sur les risques (risques industriels, inondations, retrait-gonflement des argiles...) est annexée systématiquement à un acte de vente - encore faut-il prendre soin de le lire, et surtout, ne pas le découvrir au moment de la signature de l'acte de vente !

Pour ceux qui sont déjà installés, il est toujours possible de se renseigner, pour évaluer le risque, et prendre les décisions en conséquence.


Se renseigner

En France, l'information est très facile à trouver, nous avons des bases de données très bien faites et accessibles :
  • le site des risques majeurs, prim.net
  • les cartes interactives, dans lesquelles il faut choisir le risque d'inondation. Un des calques intéressant à afficher est "remontée de nappe dans les sédiments". Voici le résultat pour une commune prise au hasard :


Dans les zones en bleu, la nappe peut remonter au-dessus du niveau du sol. Ces zones ne sont normalement pas constructibles, et sont à éviter à tout prix.
En tout cas, c'est intéressant d'imprimer cette carte pour les environs de votre domicile, car les routes d'accès, principales ou secondaires, pourront être bloquées...

Après cette première recherche, il faut observer l'environnement, et discuter avec le voisinage. On dit souvent qu'il faut observer l'emplacement des bâtiments les plus anciens... mais c'est à prendre avec beaucoup de prudence !


Des modifications récentes des cours d'eau, l'imperméabilisation des surfaces, les modifications des sols, ont pu modifier les écoulements des eaux. Les volumes des pluies sont en constante augmentation ; les cours d'eau ont donc des débits ponctuellement plus élevés, et peuvent être sujets à des crues, alors qu'ils ne l'étaient pas avant.
J'ai connaissance de plusieurs secteurs (dont une ancienne cité ouvrière) qui n'ont jamais été inondables, et qui le sont devenus ces dernières années. Le premier, à cause de l'extension des surfaces imperméabilisées ; le second à cause de la modification du régime hydrologique d'un cours d'eau à proximité.

Il faut observer également si les bâtiments (anciens ou modernes !) ont des niveaux de sous-sols enterrés.
Attention toutefois ; sous certaines conditions, les promoteurs peuvent construire des niveaux de sous-sol inondables. Ceux-ci se reconnaissent grâce à des carottages réalisés dans le béton, et qui servent de "soupape" en cas de remontée des eaux (la carotte en béton remonte, et l'eau s'infiltre). Prudence donc si vous voyez une découpe circulaire dans une dalle en sous-sol, ou des locaux de pompage.

Un autre indice (pour un oeil averti) est d'observer les tampons en fonte des réseaux d'eau pluviale. S'ils sont verrouillés, alors le site est très probablement en zone inondable. Un tampon fonte verrouillé se reconnaît à la présence d'une articulation et d'un dispositif d'ouverture :


Il est également intéressant de voir si des canaux sont situés à proximité. Ces canaux sont gérés par VNF (Voies Navigables de France), et sont souvent contenus par des digues. Certains traversent des villes, voire des métropoles. Les ouvrages les plus importants et les plus sensibles (comme le Rhin) sont étroitement surveillés, mais gardez à l'esprit le très grand linéaire de digues et de canaux en France, et les restrictions budgétaires... Par prudence, les abords des digues (fluviales ou maritimes) sont des zones à éviter...

J'oublie certains points, mais pour le reste, le bon sens reste de mise. Il vaut mieux habiter en hauteur qu'en pied de colline, il vaut mieux habiter dans les anciens quartiers situés en hauteur que dans les bas quartiers (historiquement, plus pauvres, et parfois avec des réseaux d'évacuation saturés ou mal dimensionnés).

Enfin, faut avoir à l'esprit que, même si on se trouve en hauteur, dans une zone qui n'est pas à risque, une montée (faible) des eaux peut survenir.
Il suffit pour cela d'avoir un niveau enterré ou semi-enterré, situé plus bas que les voiries ou les sols avoisinants. Si le sol n'infiltre plus l'eau, ou que les réseaux d'eau s'encrassent (il appartient à la collectivité de les nettoyer régulièrement), une montée des eaux peut se produire, et cette eau va aller naturellement dans les points les plus bas... votre sous-sol ! Mais ce type d'inondation ne dépassera généralement pas le niveau du sol.


Minimiser les conséquences

Pour nous, qui avons des stocks parfois conséquents, souvent en sous-sols, les conséquences peuvent être graves, et vite chiffrer... Le bon sens suffit à dicter la conduite à tenir :
  • mettre les équipements sensibles sur des socles de 10 à 15cm
  • stocker en hauteur les équipements de valeur ou fragiles
  • éviter de stocker en sous-sol ce qui peut éviter de l'être (le grenier, c'est le pied !)
  • en cas de montée des eaux, monter d'un niveau les objets de valeur, ou les stocks les plus sensibles
  • en cas d'épisode pluvieux violent, surveiller les sous-sols

Ces mesures s'appliquent surtout pour les remontées d'eau en sous-sol.


Lutter contre la montée des eaux

On peut lutter contre l'eau dans une certaine mesure, mais c'est un combat où nous partons désavantagés.

Plusieurs solutions sont efficaces :
  • les sacs de sable (ou mieux, les sacs absorbants). Ils permettent de construire des digues et de protéger des grandes longueurs.
  • les batardeaux en bois. Ils vont permettre de protéger une ou plusieurs ouvertures efficacement. Au contact de l'eau, le bois va gonfler, et les joints entre les planches ou les panneaux vont se refermer. C'est une solution efficace pour condamner une ou plusieurs portes par exemple. Si vous êtes dans une zone à risque, l'idéal est de prévoir le bois aux bonnes dimensions en avance.
  • toutes les solutions professionnelles et brevetées (et plus onéreuses) : les batardeaux amovibles en aluminium, les digues gonflables (à l'air ou à l'eau), les big-bags...

Toutefois, si les eaux montent de plus de 50cm, ces solutions risquent de trouver leurs limites...

Si votre sous-sol comprend des siphons de sol, ou des évacuations d'eau, pensez que l'eau va ressortir par ces orifices. Vous pouvez les obturer avec des moyens de fortune (chiffons et lestage), ou prévoir à l'avance un système fixe d'obturation (une plaque en acier avec un joint souple, à boulonner au-dessus du siphon).

Dans tous les cas, si la montée des eaux dure plus longtemps qu'un simple épisode orageux, des infiltrations d'eau sont possibles. Elles devraient se limiter à quelques millimètres, mais en cas de montée plus importante, un vide-cave sera nécessaire (en supposant que l'électricité est encore en service...).

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